A l’Est d’un axe St-Porchaire - Soulignonne, la formation du Synclinal de Saintes a localement «perché» les calcaires santoniens à plus d’une soixantaine de mètres d’altitude. Ces assises tendres et fissurées ont été soumises à une longue karstification, mais le recouvrement argilo-sableux post-éocène a masqué ( et hélas souvent colmaté ) l’entrée de nombreuses cavités. Cependant, certaines structures morphologiques typiques, comme les «dolines », trahissent la présence de réseaux souterrains potentiellement explorables …

Une doline constitue une dépression de forme ovoïde correspondant à un point d’absorbtion des eaux météoriques. Erosion et dissolution dues aux ruissellements s’exercent tant en surface qu’en profondeur où une intense corrosion creuse et mine le plafond de galeries et salles sous-jacentes. Le délitement millénaire des strates calcaires conduit tôt ou tard à un ultime effondrement qui ouvre la grotte sur l’extérieur …

Jadis exploitée comme carrière, la doline présentée au début de notre diaporama subissait, depuis une dizaine d’années, une phase peu naturelle de comblement ! En des temps d’insouciance écologique (années 70), elle captait, outre les pluies destinées à la nappe phréatique, toutes sortes de déchets environnementaux : de la carcasse de voiture à celle de mouton ! Les précipitations exceptionnelles de fin 1982 et début 1983 provoquèrent une forte remontée du niveau hydrostatique : certaines de nos photographies attestent une inondation de la salle jusqu’à hauteur des stalactites ! La fragilisation des sols et de la voûte, ainsi que la pression de la décharge, finirent par provoquer un mouvement de terrain et dévoiler une mystérieuse lucarne …

Derrière, un énorme cône d’éboulis dévale jusqu’à la base d’une vaste salle circulaire. De telles salles d’effondrement au profil « en dôme », implantées au-dessus de conduits aquifères saturés, se rencontrent entre Saint-Porchaire et Saintes, sur la bordure Nord-Est de l’Anticlinal Saintongeais, tant dans le Santonien que le Coniacien.

Mais, en Charente-Maritime, seuls les calcaires santoniens savent créer un décor digne du Palais des Mille et une Nuits ! Sous la doline-décharge fleurissent de somptueuses concrétions minérales. Toutes rivalisent de beauté et de pureté : « fistuleuses » effilées et translucides, stalactites scintillantes, « excentriques » arborescentes, défiant les lois de la pesanteur, stalagmites vernies d’ambre, érigées comme des cierges ...

D’étroits prolongements de cette merveilleuse caverne devaient révéler un autre secret, dûment transmis aux archéologues : un fragment de crâne humain, témoignage possible d’une connaissance du site à des époques plus reculées …

T.L.R.

Photographies : ( C ) Thierry Le Roux & A.R.S.C.M.